L’odorat : le sens oublié des évènements inoubliables
Nous n’avons pas tous les mêmes capacités olfactives. Nous sommes même tellement différents que l’odorat est considéré, du moins dans nos sociétés occidentales, comme un sens peu intéressant car trop subjectif. La mauvaise réputation de l’odorat viendrait donc du fait que ce n’est pas un sens sur lequel on pourrait se baser pour décrire le monde.
L’histoire des odeurs
Les hommes se sont parfumés avant de savoir écrire, le parfum existe depuis la nuit des temps. Avant tout le parfum est divin puisque quelque soit les civilisations, les croyances religieuses et les continents, depuis toujours les hommes ont fait brûler des choses odorantes en guise d’offrandes aux dieux pour implorer pardon et protection. Ce langage entre les hommes et les dieux est passé à travers cette fumée, ‘per fume’ qui donnera le mot parfum.
Le deuxième fondement du parfum, après la spiritualité, c’est l’érotisme puisque très vite on a voulu se parfumer pour séduire et pour plaire.
L’histoire du parfum, et plus généralement des odeurs, raconte donc l’histoire des civilisations.
Une brève explication scientifique
Si l’on compare le nombre d’études faites sur la vision ou l’audition par rapport au nombre d’études sur l’odorat, il apparaît que ce dernier est le parent pauvre des neurosciences. Chez la souris il y a 1 000 récepteurs olfactifs, seulement 300 sont fonctionnels chez l’humain. Entre 2 humains, en moyenne un tiers de ces récepteurs va être commun, le reste sera propre à chacun. Il y a donc une grande diversité interindividuelle qui explique pourquoi chez certaines personnes telle odeur est plutôt agréable ou pas. Avoir un langage olfactif commun c’est compliqué.
La mémoire émotionnelle et les odeurs
D’une part nous n’avons pas la même machinerie chimique et d’autre part, les odeurs font références à des souvenirs ou des expériences qui nous sont propres.
Le ‘J’aime’ ou ‘Je n’aime pas’ dépend souvent de l’enfance et de ses odeurs. Odeurs et émotions sont intimement liées.
Forcément, pour quelqu’un qui aura vécu une enfance heureuse à la campagne, qui aura passé ses vacances chez une grand-mère qui mettait des sachets de lavande partout, toute sa vie il aura tendance à trouver l’odeur de lavande comme étant quelque chose de réconfortant. A l’inverse, le voisin qui aura subit une saloperie de grand-mère toute sa jeunesse qui foutait sa saloperie de lavande partout va rejeter l’odeur de lavande en disant qu’elle est dérangeante.
On se construit donc via cette bombe d’émotions olfactives.
Mais on se construit aussi via des habitudes et goûts culturels.
D’ailleurs quand on sent une odeur, quand on s’applique à la sentir, à se concentrer dessus, on a tous tendance à aller rechercher dans sa banque de données olfactives à quoi ça nous fait penser. On va avoir tendance tous à aimer ce que l’on connaît déjà. Là-dessus, si on ne sort pas de ce champs olfactif qu’on connait, on va passer sa vie à aimer seulement ce que l’industrie nous balance du matin au soir. Et dès lors qu’on a à faire à quelque chose de différent on aura tendance à dire je n’aime pas.
La curiosité olfactive est très importante. Avoir une curiosité olfactive c’est solliciter son nez au quotidien. Que sent-on quand on rentre dans une salle ? Que sent-on quand on embrasse quelqu’un ? Que sent-on quand on entre dans le métro ? Quand on déguste un bon vin ?
3 000 parfums nouveaux sortent chaque année sur le marché avec plus d’un tiers de parfums de niche ou de créateurs. Il y a de tout partout, des pépites de partout, des choses pas intéressantes de partout. L’important est donc sûrement de se fier à son propre nez et d’arrêter d’écouter les discours des uns et des autres.
Fermez les yeux et sentez. Il n’y a pas de bonne et de mauvaise odeur. Il y a des odeurs qui vous procurent des émotions et d’autres qui n’en provoquent pas.
L’odorat c’est un sens unique, c’est de l’instinct.
Le meilleur exemple c’est le gamin qui aime l’odeur de l’essence parce que ça lui rappelle les départs en vacances. L’odorat curieux c’est retrouver son âme d’enfant. En grandissant on est formaté par la société, les modes et l’industrie qui réduisent notre imagination et notre univers olfactif.
Trouvez la signature olfactive de votre évènement
Prenons l’exemple du créateur de mode Jacquemus, dont les défilés sont ancrés dans son identité sudiste. Pas étonnant qu’il organise son défilé 2019 ‘Le coup de soleil’ dans un champs de lavande.
L’odeur est certes venue renforcer l’esthétique méditerranéenne de ses collections mais la lavande évoque instantanément des images de champs ensoleillés et de journées d'été, enveloppant les spectateurs dans une ambiance sensorielle complète. Dans cet exemple, la lavande a la capacité de transporter les invités dans un univers qui est au cœur de la direction artistique de Jacquemus : des vêtements pour les gadjis et les gadjos.
Pour votre évènement, l’exercice est simple, c’est l’effet Proust. Reconnectez-vous à vos émotions et à celle que vous souhaitez transmettre. Plongez-vous dans vos souvenirs. A quelle(s) odeur(s) sont-ils rattachés ?
Lorsque vous tenez cette odeur, les possibilités sont ensuite multiples : parfumez les invitations, diffusez des fragrances pendant l’évènement, trouvez votre parfum, travaillez les cocktails et/ou les plats servis… sans oublier d’en laisser un souvenir à vos invités qu’ils pourront emporter chez eux.